Par Judith Patenaude. Cahiers de l'IREF, no 17
Prix du meilleur mémoire 2006 (Concentration en études féministes)
Dans les sociétés occidentales, malgré le progrès significatif des droits des femmes, les images culturelles demeurent, encore aujourd’hui, très souvent misogynes. Ces représentations sont d’autant plus pernicieuses qu’elles constituent un produit de l’imagination, voire une abstraction, agissant à un niveau symbolique et affichant ainsi une apparente innocuité. S’imposant par son omniprésence cette phallocratie est si répandue qu’on n’en remarque plus la violence. Cependant, ses conséquences dans la vie des femmes sont, elles, bien réelles.
C’est ce que cherche à dénoncer Nancy Huston dans son roman Histoire d’Omaya, par le biais d’une parodie du roman pornographique Histoire d’O, de Pauline Réage. Nancy Huston s’en prend à la soumission sexuelle des femmes et surtout, à la prégnance de cette représentation dans l’imaginaire collectif. Elle dépeint, dans Histoire d’Omaya, une femme qui, contrairement au personnage de Réage, refuse cette violence qui lui est imposée.
Les différentes marques de la critique de Huston sont donc analysées ici au moyen d’une étude de l’image traditionnelle de la femme dans la pornographie et la littérature érotique et de théories féministes postmodernes sur la parodie. Omniprésent dans le roman, le regard masculin objectivant est également étudié, puisqu’il constitue, au-delà de sa participation à la réification de la protagoniste, un prélude au viol. Enfin, la polyphonie constituante du roman est analysée afin mieux comprendre l’aspect contestataire que revêt cette forme narrative erratique et hérétique.
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