Par Anne Létourneau. Cahiers de l'IREF, no 22
Le livre des Juges est l’un des textes les plus violents de la Bible hébraïque. Les femmes y sont souvent victimes de la violence masculine. Pourtant, aux chapitres 4 et 5, deux femmes font figure d’exception dans l’imaginaire biblique patriarcal. En effet, Déborah et Yaël exercent toutes deux violence et pouvoir : l’une par son autorité plurielle auprès du peuple d’Israël et de son armée ; l’autre comme meurtrière de Sisera, le chef de l’armée cananéenne. Ce sont ces deux personnages, à la féminité atypique, qui se trouvent au centre de notre projet d’exégèse biblique féministe. Dans cette recherche, nous explorons de quelles manières les actes violents et les gestes de souveraineté de Déborah et de Yaël façonnent les représentations de leurs genres féminins respectifs. Entre normativité et subversion du genre, où situer la prophétesse de guerre et la meurtrière ?
Cette réflexion s’inscrit à la suite des travaux de Mieke Bal sur les rapports entre genre féminin et meurtre en Juges 4-5 et s’inspire de la théorie de la performativité du genre de Judith Butler. De nombreuses méthodes aussi bien diachroniques que synchroniques sont mises à profit afin d’explorer ces thématiques : critique textuelle, traductologie, philologie, analyse littéraire, critique des formes et narratologie.
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